Poumon Vert – Ian R. MacLeod

Poumon Vert

De Ian R. MacLeod

Le Bélial’ collection Une Heure Lumière – 144 pages. Traduction de Michelle Charrier.

Jalila vit heureuse dans les hautes plaines glacées de Tabuthal. A 12 ans – âge standard (allez savoir quel âge elle aurait sur Terre…), elle rejoint, avec ses trois mères, Al Janb, une ville côtière qui, bien que de taille raisonnable, lui paraît tout aussi étrange qu’immense et contraste avec le calme dans lequel elle a vécu jusqu’alors. Le début de sa mue se traduit par l’expectoration du poumon vert qui l’aidait à respirer dans l’atmosphère raréfiée des hauteurs. C’est bientôt la saison des fusées avec son ballet de départs et d’arrivées au planétoport ce qui ne manque pas d’intriguer la jeune fille. Et sa rencontre avec Kalal, seul représentant – avec son père du genre masculin l’intrigue encore plus. Il y a tant à découvrir sur Habara cette planète doté d’un seul continent entouré d’un immense océan. Et plus encore dans les espaces infinis au delà des lunes jumelles.

Dépaysement garanti

Poumon Vert se révèle dense, riche et multiple. Novella centrée sur la découverte de la vie  de Jalila, de son apprentissage jusqu’à ses choix de vie en passant par ses envies, ses rencontres, ses amitiés et ses amours, il empreinte aux contes des Mille-et-Une-Nuits une partie de leur luxuriance et leur vocabulaire – telle la tariqa, veille femme qui détient les clés du voyage interstellaire tout en se positionnant on ne peu plus clairement dans un registre science-fictif cependant plus organique que technologique. Sans compter la particularité du contexte, une société matriarcale où les hommes sont absents. Kalal et son père ne sont pas originaires de Habara. Si l’on perçoit la souffrance du jeune garçon d’être en dehors de la norme, leur intégration est réelle : ni parias, ni exclus.

Ian R. MacLeod plonge son lectorat in media res et lui fait découvrir, peu à peu et par les yeux de Jalila, le monde qui l’entoure. Les informations, parcellaires et parfois déroutantes car il manque à Jalila des clés de compréhension, peuvent parfois déconcerter mais tout prend sens au fur et à mesure pour mettre au jour un monde luxuriant, une société complexe et le vertige de l’immensité de l’espace. Mon conseil : lâchez prise, laissez-vous porter par le récit et grandissez avec Jalila.

Court roman initiatique et poétique, Poumon Vert de Ian R. MacLeod constitue une réussite tant sur le fond que sur la forme. Un incontournable et un coup de coeur pour moi.

Un extrait

Les voiles vibraient et crépitaient pendant que le bateau filait vers le planétoport. Kalal regardait droit devant lui depuis la proue, concentré, corps brun et souple éclaboussé de reflets lumineux. Jalila s’était presque habituée à son aspect. Après tout, elles étaient également bizarres : elle parce qu’elle venait des montagnes, lui à cause de son sexe. Elles aimaient également leur quant-à-soi et y acceptaient leur camarade sans se laisser distraire durant leurs longs silences. Elles ne se demandaient jamais l’une à l’autre ce qu’elles pensaient, elles s’en fichaient un peu, et elles aimaient cette solitude accompagnée.

 

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Cet article a 9 commentaires

  1. NicK le vilain

    Oui il est bien celui-ci … J’avais aimé aussi “Un pont sur la Brume”. 🙂

    1. Lhisbei

      Pareil ici. je crois que c’est mon chouchou celui-là.

      1. NicK le vilain

        La ballade de Black Tom est bien aussi. Très Weird howardien. Ou Lovecraftien (si tu es plus nébalien) 😉

  2. Vert

    J’avais beaucoup aimé aussi, c’est un très joli texte quand on se laisse porter.

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