De Michel Pagel
J’ai Lu – 700 pages
Nous sommes en août 1179. Philippe, fils de Louis VII et héritier de la couronne de France, a 14 ans et part chasser en forêt. Pris par la poursuite de son gibier, il sème ses veneurs et s’égare. La nuit tombe et l’obscurité se fait menaçante. Au bord d’une rivière il rencontre une mystérieuse jeune femme, Lysamour, qui le séduit et l’entraîne chez elle. Philippe découvre avec effroi qu’elle n’est pas humaine et qu’elle cherche à se venger de son ancêtre Hugues Capet. Elle lui révèle aussi son ascendance extraordinaire avant d’essayer de l’assassiner… Parvenu à s’enfuir Philippe restera marqué à vie par cette rencontre et les révélations de Lysamour.
Après le prologue de la rencontre avec Lysamour, le fantastique est beaucoup moins présent et le lecteur penserait presque lire un roman historique classique. Les faits de l’Histoire sont respectés et l’auteur s’est bien documenté. Les détails sur les mœurs de l’époque, l’organisation féodale de la société, les luttes politiques entre le monarque et ses vassaux mais aussi sur les batailles des croisades ou les tournois de chevaliers renforcent la cohérence de l’histoire. Philippe II, qui régna sous le nom de Philippe Auguste, est à la tête d’un petit royaume composé de quelques fiefs autour de Paris. Son autorité reste précaire. Il doit s’imposer auprès de puissants vassaux qui convoitent le trône. Parmi eux figure Henri II d’Angleterre, époux d’Aliénor d’Aquitaine et père de Richard Cœur de Lion, dont le puissant empire composé de l’Angleterre, l’Anjou, la Normandie et le Maine constitue une menace permanente. Malgré toutes ces difficultés Philippe va asseoir la monarchie française, étendre le domaine royal et moderniser l’organisation administrative de l’Etat pour sortir d’un système féodal. Son règne bien que peu connu du grand public s’avère être passionnant.
Mais le plus passionnant dans ce roman c’est la façon dont Michel Pagel investit les blancs laissés par l’Histoire. Le fantastique s’immisce dans les interstices de la trame historique, sans dénaturer cette dernière ni la bouleverser. Michel pagel distille des éléments merveilleux et féeriques tout au long du récit par petites touches légères et en vient à expliquer, par des raisons liées au surnaturel, la répudiation d’Isambourg, deuxième femme de Philippe II. La narration est riche et touffue mais jamais pompeuse ou ennuyeuse. Le roi d’août n’est pas un roman que le lecteur dévore rapidement, avalant les phrases au kilomètre, tenu par un suspens insoutenable. Le style de Michel Pagel, unique et complexe, se savoure avec plaisir et le livre se déguste en goûtant chaque mot, chaque phrase. Et quel régal !
Le roi d’août a reçu le Grand Prix de l’imaginaire du meilleur roman français en 2003.
Si les faits historiques sont respectés, ça m’intéresse! Je note.
Fonce tu ne le regretteras pas
Je l’avais noté pour sa couverture préraphaélite et son histoire bien mystérieuse. Alors si tu le trouves savoureux, je ne peux que le refaire remonter dans mes priorités… Petite question : Lysamour est-elle beaucoup présente ? A te lire, on dirait que non ! J’aime bien le roman historique aussi mais j’aurais préféré plus de fantastique.
J’avais adoré pour les mêmes raisons, je crois que c’est mon roman préféré de Michel Pagel parmi ceux qui n’appartiennent pas à la « Comédie inhumaine » (parmi ceux-là, j’ai particulièrement aimé « Sylvana » et « Nuées ardentes »). Le projet était casse-gueule mais le résultat est à la hauteur.
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