Utopiales 2012 – Anthologie officielle

Utopiales 2012

Anthologie officielle du festival Utopiales

ActuSF – 288 pages

Commençons avec « Origines » la préface, préface de Roland Lehoucq et Ugo Bellagamba, métaphore filée sur l’enfant science-fiction qui m’a laissée froide, tendance permafrost, alors que, jusqu’ici je n’avais pu résister à la plume de Ugo Bellagamba. La lecture de cette anthologie prenait donc un mauvais départ.

Heureusement, avec « Origo » de Pierre Bordage, cette mauvaise impression de départ s’est estompée. Nous voila à bord de l’Origo, vaisseau miniaturisé en route vers le Big Bang, avec pour mission rien de moins que de percer le secret de l’origine de l’univers. La fin ne manque pas de poésie et la nouvelle tape en plein dans le mille de la thématique. Mission accomplie M. Bordage.

Dans « Fae-space » de Sara Doke, les hommes ont appris à co-habiter avec les Faes sans toujours reconnaître ces dernières à leur juste valeur. Lors d’une expédition sur Shayol, à la rencontre d’une race extra-terrestre qui a finalement reçu et décodé nos messages envoyés dans l’espace, Faes et Humains vont apprendre beaucoup d’eux-même. Un texte à la morale sociale doublé d’un appel à la tolérance, à l’acceptation de l’autre et à l’humilité que j’ai beaucoup apprécié.

Avec « L’Observatrice », texte un peu plus long de Robert Charles Wilson, on est un cran au dessus de ce qui précède. Robert Charles Wilson le romancier ne m’a jusqu’ici pas convaincue (non je n’ai pas lu Spin, je sais) mais Robert Charles Wilson le nouvelliste me séduit à chaque fois qu’un de ses textes me tombe entre les mains. Ici c’est encore le cas avec cette observatrice d’un genre un peu particulier, Sandra. Ado en vacances chez son oncle Carter, en poste à l’obseratoire Hale où travaille encore Edwin Hubble – nous sommes dans les années 50 – elle passe des nuits épouvantables, peuplées d’extra-terrestres. Cauchemars ou réalité ?

Dans « La Finale » de Nancy Kress, le lecteur fait connaissance avec un scientifique un peu barjot, Allen Dodson, qui tente de supprimer toutes les pensées parasites afin de parvenir à la concentration extrême. Il fait de Karen, son cobaye humain (procédé totalement illicite) une championne d’échec qui se coupe peu à peu des ses émotions. J’ai retrouvé dans ce texte les mêmes thématiques que dans Danse aérienne et le même plaisir de lecture.

« La Chose du lac » de Laurence Suhner a un côté un peu suranné, comme un roman de Maurice Leblanc. Même ambiance policière du début du XXeme siècle. L’héroïne évolue dans un milieu aisé et séjourne tranquillement dans un hôtel au bord du lac Léman. Un vol doit y être commis par un gentleman cambrioleur et un montre hante le lac. Un texte plaisant.

Avec « Et pleurer, comme Alexandre », Neil Gaiman nous emmène boire un verre au pub et faire la rencontre d’un désinventeur. Le texte, très court, inventif et parfaitement maîtrisé, prouve (s’il en était encore besoin) le talent de Neil Gaiman. La chute fait mouche, l’ambiance est brossée en peu de mots mais avec une efficacité redoutable. Avec une idée, un peu de whisky et du talent…

« La Fin de Léthé » de Claude Ecken n’est pas ce qu’il paraît. Qui est ce mystérieux voyageur temporel qui rend visite à Claire, lui révélant son futur plutôt que de la laisser le vivre ? Même si l’on se doute assez rapidement de la nature du voyageur et de son objectif, le texte n’en reste pas moins extrèmement émouvant (et très bien mené) jusqu’aux dernières lignes.

Après les Utopiales 2012, J’étais très curieuse de découvrir un texte de Tommaso Pincio. « Petite Excursion à l’endroit des atomes » me parait être une bonne première clé d’entrée pour l’oeuvre de l’auteur. Nous avons ici un texte post-cataclysmique (l’explosion d’une centrale nucléaire), dans une Italie quasi Mussolinienne où le Premier Ministre est presque déifié (grâce, entre autres choses, aux médias dans une belle dérive berlusconienne), nous suivons des enfants mal-formés, différents. La nouvelle, émouvante quand l’auteur se penche sur le destins de ces enfants martyrs, ne manque pas de révéler les travers italiens où politique et cynisme font trop bon ménage.

« En attendant demain » de Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean se révèle être une belle réussite. Le petit frère de la narratrice peut soudainement lire le futur et la peur des conséquences d’une “déviation” conditionne sa vie entravant sa capacité à trouver le bonheur. Un texte un poil glaçant qui prend le lecteur aux tripes.

« RCW » d’Ayerdhal est un hommage à l’ami, un hommage à l’écrivain et un hommage à l’oeuvre de Roland C. Wagner. Comme je ne connais pas bien Les futurs mystères de Paris, je suis restée un peu en dehors de ce texte et il m’a quand même laissé un petit goût âcre. Pas à cause du texte lui-même mais parce que sa publication est bien trop précoce.

Au final une anthologie qui remplit son rôle : faire découvrir des auteurs de tous horizons et leur vision d’un thème, les origines. Ce thème y est décliné avec beaucoup de liberté, ce qui donne une belle palette de textes que l’on peut classer de “plaisant” à “excellent”.

 
JLNN

Cet article a 9 commentaires

  1. Brize

    Acheté mais pas encore lu, donc je reviendrai vers ton billet quand ce sera fait (mais j’ai quand même vu ta conclusion, très positive) !

  2. Lhisbei

    @Brize : j’adore les nouvelles Au sommaire de cette anthologie, il y en a pour tous les goûts. bonne lecture

  3. Lune

    ça me donne envie de la remonter sur ma PAL tiens

  4. endea

    C’est la première anthologie que je lisais et globalement j’en ai été plus que satisfaite, j’ai adoré vraiment “Et pleurer comme Alexandre”. J’ai été émue aussi par “La fin de léthé”

  5. Vert

    Y’a du voyageur temporel là-dedans ? Bon va falloir que je la lise d’ici mars alors (enfin que je lise le reste, la nouvelle de Gaiman je l’ai bien évidemment déjà lue…)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.