De Bryan Lee O’Malley
Dargaud – 336 pages
À 29 ans, Katie est chef chez Seconds, l’un des restaurants les plus apprécié de la ville. En apparence, la vie lui sourit : elle est reconnue pour ses compétences, elle a pour projet d’ouvrir un nouveau restaurant et elle a un petit ami ( approcher la trentaine sans petit-ami est un epic fail féminin). Katie pourrait donc passer pour la trentenaire qui réussit et s’épanouit. Raté. La bâtisse qu’elle a acheté en ville avec son nouvel associé est une ruine qui engloutit toutes ses économies. Et les travaux de rénovation sont au point mort faute d’argent. Même si Katie continue à loger dans une chambre à l’étage de Seconds, cela ne suffit pas. Sa relation amoureuse (avec son successeur en cuisine, qui est au moins aussi bon qu’elle en chef de brigade) bat sérieusement de l’aile et, pour couronner le tout, son ex petit ami refait surface. Tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes. Et l’apocalypse survient le jour où Hazel, une nouvelle serveuse qui peine à s’intégrer, se blesse en cuisine.
Katie est au bord de l’implosion, quand, une nuit, lui apparait une mystérieuse jeune fille. Perchée sur la commode de sa chambre, elle apparaît et disparaît sans un bruit. Cette nuit là, elle laisse à Katie un présent : un carnet, un champignon magique, et, surtout, une seconde chance.
Katie fait donc un premier saut dans le passé pour éviter l’accident d’Hazel. Et c’est le début d’une spirale infernale : son obsession de la perfection l’amène à corriger de plus en plus fréquemment son passé. Tout cela n’est pas sans conséquence et une ombre s’étend sur Seconds…
Il y a dans Seconds tout ce que j’aime sur le fond et dans la forme. Sur le fond j’ai trouvé de la profondeur dans le questionnement personnel de Katie (sur la réussite, la perfection, le passage à la décennie suivante) et les angoisses existentielles qui l’accompagnent. Katie est un personnage féminin très réaliste. Elle est parfois très pénible : hystérique, de mauvaise foi, maladroite, égocentrique mais généreuse, ayant le souci de bien faire et ne perdant jamais de vue son idéal et ses rêves. Elle peut agacer le lecteur mais elle suscite l’intérêt et l’empathie dans sa quête pour corriger sa vie qui part en vrille. Du côté de la narration, c’est rythmé, introspectif (l’un n’empêche pas l’autre), parfaitement maîtrisé et les 336 pages défilent vite. Trop vite pour apprécier, à la première lecture, les détails planqués par Bryan Lee O’Malley. A la relecture, ce roman graphique (chapitré comme un roman et lu comme tel) offre encore quelques (bonnes) surprises. J’ai aussi beaucoup apprécié la liberté que prend l’auteur avec son format, le ton qu’il adopte, son humour teinté parfois d’une pointe d’ironie, et son inventivité.
Du côté du dessin, il faut aimer le kawaï (les grands yeux et les cheveux qu’on dirait tirés d’un manga), mais les couleurs tempèrent cet effet choupi/mignon.
Vous l’avez compris, Seconds m’a conquise de la première à la dernière page. Un coup de coeur.
Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2015
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Merci pour cet article, j’avais absolument zappé ce livre mais vu ton avis et vu comme j’avais aimé Scott Pilgrim, je ne doute pas de l’aimer. Allez hop en wish list !
Il faut se le faire offrir celui là 🙂
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