De Nancy Kress
J’ai Lu collection Science-fiction – 320 pages. Traduction de Pierre K. Rey.
Retour de chronique du Bifrost 89
Sorti outre-Atlantique en 1985, La Flûte ensorceleuse est le deuxième roman de Nancy Kress, après Le Prince de l’aube. Tous deux relèvent (plus ou moins) de la fantasy médiévale et mettent en scène un personnage central féminin, fait assez peu commun pour l’époque. Dans La Flûte ensorceleuse, Fia est montreuse d’histoires itinérante. Elle divertit les puissants en faisant apparaître des fables de la brume qui naît entre ses mains. Son talent, assez pauvre, lui permet cependant de gagner sa vie et d’élever son fils, Jorry. Le roman s’ouvre in medias res : Fia vient d’ingérer les drogues qui permettront à son don de s’exprimer avant de donner une représentation devant le roi de Veliano, royaume qui connaît une prospérité aussi soudaine qu’inattendue grâce aux gisements de pierres précieuses récemment découverts. Le spectacle prend un tour surprenant quand l’histoire qu’elle conte échappe à Fia, déclenchant l’hostilité de la cour, et qu’elle découvre la présence de Brant d’Erdulin, son amour de jeunesse. Ce dernier apprend bien vite qu’il est le père de Jorry et le fait enlever autant par représailles que par calcul. Bien meilleur qu’elle dans l’utilisation de son pouvoir, il n’est pas pour autant responsable du fiasco de la démonstration de Fia. À la cour du roi Rofdal, l’arrivée imminente d’un héritier exacerbe les tensions. Léonore, troisième épouse, compte bien enfanter un fils et raffermir son emprise sur son époux. Lors de la seconde représentation, Fia met en scène la quête d’une flûte magique, alors même que les envoûteurs sont punis de morts, leurs corps écorchés pendus par les pieds à la vue de tous. Piégée par son art qui lui échappe, manipulée par Léonore et perturbée par les sentiments qu’elle porte encore à Brant, Fia ne peut fuir et tente d’agir avec ses faibles moyens. Son salut dépend entièrement de l’utilisation de la magie, or elle manque cruellement de talent en la matière. À cette impression d’impuissance, renforcée par une narration à la première personne qui restreint le propos et occulte les motivations – pourtant très transparentes – des autres personnages, s’ajoute une ligne narrative essentiellement sentimentale.
Si Nancy Kress se révèle pertinente sur le thème de la maternité et de l’amour filial, elle échoue à rendre crédible la relation entre Brant et Fia : cousue de fil blanc, oscillant entre romantisme immature et élans délétères, elle agace et finit par perdre le lecteur. Une lecture dispensable, donc, pour qui souhaite découvrir ou approfondir l’œuvre de Nancy Kress – des textes de l’autrice bien plus essentiels ont été traduits ces dernières années.
- De Nancy Kress sur le RSF Blog : Les hommes dénaturés, Danse aérienne, L’Une rêve, l’autre pas, Danses aériennes, Le Nexus du Docteur Erdmann
Très clairement pas prioritaire si l’on veut découvrir l’oeuvre de l’autrice. Je prends note :p
Voilà 🙂 Par contre je me dis que je suis passée à côté d’un axe d’analyse : la condition de mère célibataire en situation précaire… (et ça c’est un traitement intéressant dans le bouquin)
Tous les éléments sont présents pour que je déteste. Merci donc d’avoir essuyer les platres.
Oui, ce n’est pas le bon os pour le Chien 🙂
Déjà que ses oeuvres plus importantes ne m’ont jamais complètement conquis, je note comme mes camarades de ne jamais tenter celui-ci, merci. ^^
Oui ses textes de SF sont plus convaincants amha.
je crois avoir dans ma PAL, un recueil très intéressant : danses aériennes. Je vais donc me contenter de ce dernier, avant de m’engager dans une exploration incertaine.
M’est avis que c’est du bon ;). L’une rêve et l’autre pas est très bien aussi.
Je note de laisser celui-ci de côté du coup XD
Je ne pense pas qu’il soit facilement trouvable d’ailleurs
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