Réalisé par Denis Villeneuve
Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Jason, Josh Brolin, Stellan Skarsgård, David Bautista, Stephen McKinley Henderson, Zendaya , David Dastmalchian , Chang Chen , Sharon Duncan-Brewster, Charlotte Rampling, Jason Momoa, Javier Bardem…
Adaptation d’un roman réputé inadaptable
Dune est l’adaptation du roman du même nom écrit par Frank Herbert et paru en 1965. Il s’agit, plus précisément, de la première partie de l’adaptation et – horreur – le second opus n’est pas encore tourné. Il ne le sera que si cette première partie cartonne au box-office (et par temps de pandémie de Covid-19, ce n’est pas gagné d’avance). Pas de frustration à la fin du premier volet, la coupure est bien gérée, semble logique et satisfaisante. Un bon point qui permet d’attendre plus sereinement la suite.
Dune a déjà fait l’objet d’une adaptation en 1984 par David Lynch (avec un Kyle MacLachlan un peu trop vieux pour le rôle du jeune Paul Atréides et un mémorable Sting en slip presque à paillettes). Le film a eu une histoire compliquée mais la version longue se tient bien si on aime le kitsch (pour ma part, je reste fan malgré les défauts, le sens de la démesure de Lynch colle bien au roman). Il existe des séries télé (pas vues) et une tentative avortée par Jodorowsky (le documentaire Jodorowsky’s Dune revient ce qu’il convient d’appeler un fiasco).
En interview (le film bénéficie d’une importante campagne de publicité) Denis Villeneuve dit avoir découvert le roman lorsqu’il était adolescent et être fan. Tout comme l’adaptation du Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien par Peter Jackson, nous avons ici affaire à un film de fan. Un fan passionné et respectueux de l’univers de Frank Herbert. Comme il s’agit d’une adaptation, Dune a sa narration propre, certains éléments du roman sont absents ou réinterprétés. Il s’agit avant tout de la vision de Dune par Denis Villeneuve mais cette vision me semble fidèle au roman (avis purement subjectif, je n’ai lu que le roman éponyme – en grinçant un peu des dents sur le côté misogyne).
Du bel ouvrage
Dune relève tout autant de la tragédie grecque que de l’opéra baroque. Arrakis – planète surnommée Dune car désertique – est la source de l’Épice, une substance qui permet aux navigateurs de la Guilde spatiale de voyager entre les mondes au sein d’un empire interstellaire très étendu. Elle améliore aussi les dons de prescience et assure la fortune de celui qui l’exploite. L’Empereur décide de confier la gestion de la planète à la famille Atréides après de nombreuses années d’exploitation par les Harkonnen. La planète est au centre d’une lutte de pouvoir entre grandes familles et pouvoir impérial. On ajoute à cela un ordre religieux (le Bene Gesserit) qui, dans l’ombre des dirigeants, intrigue et manipule les lignées pour faire naître le Kwisatz Haderach, Jessica, une Bene Gesserit, concubine du Duc Leto Atréides qui refuse de se plier au plan prévu et donne au Duc un fils Paul plutôt qu’une fille et un peuple autochtones, les Fremens, qui tente d’échapper au joug des Harkonnen et de poursuivre son objectif / rêve de remodeler la planète et on obtient tout à la fois des enjeux politiques, sociaux et écologiques d’envergure épicée d’une guerre de religion…
Ces multiples dimensions, Denis Villeneuve les a parfaitement saisis et restituées dans un film démesuré (l’attaque d’Arrakeen et le ver des sables waouh) parfois un peu pompeux où le gigantisme des structures écrase, pèse, et la lumière, froide, tient un peu à distance et, corollaire, peine parfois à faire naître l’émotion. Dans Dune, le rythme s’adapte aux enjeux – les lenteurs ne sont pas perçues comme des longueurs. Le film passe vite et donne envie de voir la suite.
Le casting et le jeu des acteurs sont convaincants. Timothée Chalamet, tour à tour fragile et inquiétant, incarne à la perfection Paul Atréides. J’ai mis un moment avant de reconnaître Poe Dameron dans le Duc Leto. Jason Momoa joue un Duncan Idaho samouraï (du chignon à la démarche, c’est flagrant) et je reste fan. Dame Jessica m’a semblé assez fidèle au roman dans ses angoisses (mère avant tout) et son comportement. En public elle fait preuve d’un sang froid à toute épreuve, mais une fois seule ou avec son fils, elle s’écroule. Elle m’avait semblé quand même psychologiquement plus solide dans le roman (mais dans le roman c’est plus facile de cerner les personnages puisque nous avons accès aux pensées de chacun d’entre eux). Seul bémol, malgré les 2h40 du film, les seconds rôles ont un peu de mal à exister (Thufir Hawat et le docteur Yueh par exemple).
La musique de Hans Zimmer accompagne parfaitement le film, même si elle est parfois trop forte (M. Lhisbei parie que la bande son va rendre le Blu-ray difficile à regarder sans déranger les voisins).
Pour conclure, Denis Villeneuve a réussi son premier pari, offrir une adaptation fidèle qui pourra plaire autant aux fans qu’au grand public. Il reste à espérer que ledit public suive pour que la suite soit tournée. Sur le RSF Blog nous l’attendons.
- De Denis Villeneuve sur le RSF Blog : Premier contact, Blade Runner 2049.
- De Frank Herbert sur le RSF Blog : La mort blanche et Bifrost n°63
- Les avis de Tigger Lilly, Anudar, Lorhkan, Blop, Lullaby, Blog à part, FeydRautha, Stéphanie Chaptal…
ouais, bof. Pas convaincu d’aller le voir.
Je n’aime pas trop le réalisateur. L’acteur principal me semble bof bof.
Rendez nous la version 1984 qui est très bien (et ne coupe pas en 2 l’histoire)
Chalamet ? Son seul défaut ce sont ses cheveux et il n’y peut pas grand chose 😀
Ping : Ils ont rejoint ma PAL (129) - RSF Blog
Pareil j’attends la suite. J’ai un peu de mal à arrêter mon avis tant que j’aurais pas vu la 2e partie.
(mais sinon oui j’ai plus trop de souvenirs du roman mais c’est complètement une tragédie grecque ce film)
avec un côté péplum en prime 🙂 Je pense qu’une fois la suite tournée, il faudra revoir les 2 films pour se faire une idée. Ici, si on peut, on se fera un « marathon » ciné (le cinéma rediffuse parfois les précédents films d’une série lors de la sortie du dernier opus, ça peut se tenter)