Les conquérants de l’univers – Richard Bessière

Les conquérants de l’univers

De Richard Bessière

Fleuve Noir – 190 pages

Pour sa participation au Summer Star Wars, Ferocias joue à archéologue du space-opera. Ses billets donnent vraiment envie de fouiller le grenier, de dénicher les vieilles malles de grand-mère pour plonger dans le space-opera de grand père. J’ai donc exploré les BAL (bibliothèques à lire) de Mr Lhisbei et voici ce que j’ai trouvé : le premier roman de la collection Anticipation du Fleuve Noir, collection dite « Fusées » à cause de la fusée qui orne sa tranche son dos. La fusée de la couverture annonce la couleur : space op’ nous voila.

Les conquérants de l’univers, premier volume d’un cycle éponyme en 5 tomes, de Richard Bessière a été publié en 1951. C’est Internet qui nous le dit car le livre ne possède ni dépôt légal ni date d’édition ni ISBN… Richard Bessière est ce qu’on peut appeler un auteur prolifique : il affirme sur son blog (inactif depuis mars 2007) avoir à son actif 285 ouvrages ! A noter aussi : les éditions Éons ont réédité en un seul volume les cinq romans du cycle des Conquérants de l’univers.

Je ne résiste pas à la tentation de reproduire la quatrième de couverture :
A bord de leur appareil interplanétaire, six terriens se trouvent lancés dans l’aventure la plus extraordinaire qu’on puisse rêver. Vous allez faire connaissance avec ces audacieux astronautes qui ne tarderont pas à vous devenir familiers, et vous suivrez leurs aventures avec un intérêt qui ne faiblira jamais. C’est Jules Verne qui a ouvert la voie au roman d’Anticipation. Plus près de nous, H.-G. Wells est allé encore plus loin. Mais le roman de F. Richard-Bessiere que nous vous présentons est bien le plus extraordinaire et le plus captivant qu’on ait écrit jusqu’à ce jour.        

Nous voila embarqué à bord du Météore, premier vaisseau capable d’arracher l’homme à la pesanteur terrestre, parti à la découverte de l’Univers. Le Météore, créé par le professeur Bénac avec l’aide de son filleul Richard, grâce aux fonds du sud-américain Don Alfonso, est un engin digne des romans de Jules Verne : fabriqué dans un alliage de métal nouveau il dispose d’une propulsion révolutionnaire et de quatre niveaux qui assurent confort et sécurité. L’expédition de Bénac devait initialement concerner trois personnes. Le professeur Bénac et Richard devait se faire accompagner par Jeff grand reporter américain chargé de couvrir en exclusivité l’évènement. Mais Ficelle, mécanicien aux doigts magiques, et Don Alfonso se trouvent malencontreusement piégés à bord au moment du décollage. Miss Mabel, jeune étudiante anglaise, a fait valoir des arguments de poids pour intégrer l’équipe : « Mais qui s’occupera du ménage ?  »  et  « Comment voulez-vous être présentables lorsque vous arriverez chez les martiens ? Croyez-vous que ces gens-là auront une bonne impression des terriens lorsqu’ils verront vos pantalons en accordéon et vos cols froissés ? »1. Bénac finit par céder à condition que Miss Mabel « maîtrise ses nerfs »2. Ils seront donc six à s’élancer, à la prodigieuse vitesse de 45 kilomètres par seconde, vers la Lune, première escale de l’expédition, avant de prendre la direction de Mars.

Richard Bessière nous dispense régulièrement des cours d’astronomie (Mabel finira même à lire un livre traitant de cette matière) selon les connaissances de l’époque. Dix ans avant le premier vol spatial habité et la conquête spatiale, la face cachée de la Lune est un terrain de fantasmes. L’auteur résiste à la tentation de le peupler de Sélènites ce qui, en soi, constitue déjà une originalité. Dans les années 50 les canaux de Mars se prêtent à toutes les interprétations possibles et se trouvent plutôt bien exploités dans ce roman. La description de la société martienne fourmille d’idées : la rationalité scientifique gouverne la planète et la critique sociale n’est pas bien loin. Certaines scènes sont vraiment très gaies (comme la compétition sportive sur Mars).

Richard Bessière, qui avait 18 ans à la parution du premier volet des Conquérants de l’Univers, fait preuve d’érudition (qui, certes, parait bien dépassée de nos jours) et d’une imagination débordante qui compensent une écriture parfois maladroite et au style suranné. Sur 190 pages, le rythme échevelé condense les aventures lunaires et martiennes de notre fine équipe proposant de nombreux rebondissements au risque de survoler ces aventures. Un romancier moderne aurait développé un peu plus chacune des péripéties de nos aventuriers. Je n’envisage pas de lire la suite – archéologue du space opera étant un hobby pour moi – mais si quelqu’un m’offre les livres, je me sacrifierai …

1Nous sommes en 1951 n’oublions pas. Remercions les féministes d’être passées par là.

2 Elle prouvera par la suite qu’elle les maîtrise parfaitement : juchée sur un rocher « la courageuse jeune fille » tire sans arrêt sur les créatures préhistoriques qui peuple la face cachée de la lune (même si pour cela elle doit serrer « convulsivement » les lèvres) ; et ne s’évanouit qu’après la bataille et pour une excellente raison : elle est grièvement blessée et perd beaucoup de sang.

Consulter la bibliographie de l’auteur sur le Répertoire de la Science-Fiction.

Cet article a 8 commentaires

  1. Lhisbei

    @ Guillaume : il était aux Utopiales l’année dernière

  2. Vert

    [I]Miss Mabel, jeune étudiante anglaise, a fait valoir des arguments de poids pour intégrer l’équipe : « Mais qui s’occupera du ménage ? » et « Comment voulez-vous être présentables lorsque vous arriverez chez les martiens ?[/I]
    Mouahah rien que pour ça j’ai envie de le lire… si je le croise chez un bouquiniste, je me laisserais peut-être tenter…

  3. El Jc

    Il a l’air bien fendard, ami bouquiniste si tu nous écoutes…

  4. Ferocias

    Ben où est passé mon commentaire?
    Tu as ce Bessière en édition originale? C’est l’un de ceux qui me manquent dans la période “Fusées”
    Pour les autres: ça va être dur de trouver celui qui est sur l’image en fait… Il va falloir vous rabattre sur les rééditions.
    A la réflexion, Lhisbei n’a pas l’édition originale. Trouvez un indice qui le prouve dans sa chronique.

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