Le Chaudron brisé – Nathalie Dau

Le Chaudron brisé

De Nathalie Dau

Les Moutons électriques – 160 pages

Durant les temps hors de l’Histoire, Kerridwen et Kernunnos sillonnaient le monde, dispensant leur savoir aux peuples qui les accueillaient. Kerridwen, enceinte et proche du terme, décide de s’installer sur la terre des Addancs, le Peuple du Castor. Mais la sorcière du clan, soucieuse de maintenir les traditions, une stricte ségrégation entre les hommes et les femmes, perçoit une menace et défie la déesse. Sa défaite, cuisante, laisse la marque d’une humiliation profonde et sème les graines de la vengeance.
De nos jours ou presque, dans le, une malédiction frappe deux familles issues du Gwynedd, au Pays de Galles : les Archtaft perdent leurs fils tandis que les Llynwen voient mourir leurs filles. Deux histoires imbriquées, l’une naissant de l’autre, et un chaudron brisé, qui pourrait faire renaître un amour légendaire et éternel.

Nathalie Dau explore les mythologies celtes et plus particulièrement la légende de deux divinités, Kerridwen, la déesse-mère et son époux le dieu-cerf Kernunnos. Elle nous guide tout en douceur dans un univers façonné par Kerridwen déesse aux multiples figures : égale d’un dieu, femme, épouse, mère, incarnation de la sagesse, dispensatrice du savoir, mais aussi magicienne, empoisonneuse et cheffe de guerre… Chaque personnage possède sa part d’ombre et les actes de chacun pèsent sur les destinées de tous et au travers des âges. Ceux qui ne sont pas familiers des légendes galloises se laisseront porter par la plume imagée et poétique de l’autrice et pourront s’aider d’un glossaire en fin d’ouvrage pour aller un peu plus loin dans la découverte des mythes. Les connaisseurs ne seront pas surpris de retrouver quelques figures marquantes comme le barde Taliesin. La narration alterne entre un passé mythique et une époque plus contemporaine empreinte de magie. Sous une superbe couverture de Melchior Ascaride, Le Chaudron brisé enchante le lecteur qui en vient à regretter qu’il soit si court.

Il avançait dans le brouillard. Ombre effacée, bruits occultés. Jusqu’au vacarme des pensées qui se faisait silence. Magie. Tel un serpent furtif, il glissait sur les dalles usées et les marches creusées par cent mille semelles. Nul ne bronchait à son passage. Tout juste s’il causait quelques frissons de dos, le vol d’une mèche folâtre, un mouvement dans les ourlets des robes de laine brochée. Gourmand, il s’attardait un peu sur les plus frêles nuques, celles qui semblaient ployer sous le chignon de tresses épaisses dont la mode perdurait parmi les nobles du château. Il songeait à ses rêves : ces savantes coiffures assassinées par sa violence, des angles taillés dans les courbes, saillie de l’os, fracture ouverte, le goût salé contre ses lèvres. Le sang, qu’il appelait son vin de fer. Un jour prochain, il oserait le boire. Sitôt reçu son héritage.

Cet article a 4 commentaires

  1. Vert

    Ca commence à me faire un paquet de textes à rattraper de Nathalie Dau ! Un jour…

    1. Lhisbei

      Héhé. Je connais le même phénomène avec Thomas Day (heureusement il publie peu) ou L Davoust (je suis dans son cycle Les Dieux sauvages, mais il me reste plein d’autres titres en PAL)

  2. Zina

    J’avais adoré Le livre de l’énigme, il faut que je tente celui-ci aussi.

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