Sous un ciel de sucre
Les Enfants indociles T3
De Seanan McGuire
Pygmalion Imaginaire – 216 pages. Traduction de Benjamin Kuntzer.
Retour de chronique du Bifrost 110
Troisième tome de la série des Enfants indociles, Sous un ciel de sucre s’attache à Cora, nouvelle pensionnaire de la Maison des enfants indociles tenue par Eleanore West, revenue malgré elle d’un séjour dans un monde aquatique, où sa corpulence ne l’avait pas empêchée d’être une sirène accomplie. Avec son amie Nadya, qui espère que la porte vers le monde noyé de Belyrekka s’ouvrira à nouveau, elle passe beaucoup de temps a barboter dans l’étang jouxtant l’école. Un plan d’eau dans lequel une jeune fille venue de nulle part n’est cependant pas censée tomber… Rini vient de Friandise, un monde fait de gâteau, de sucre et de soda, pour retrouver sa mère, Sumi Onishi. Mais celle-ci, assassinée alors qu’elle était encore au pensionnat – événement relaté dans le premier tome, Les Portes perdues – ne peut donc pas avoir eu d’enfant. Ce qui explique que Rini commence doucement à s’effacer… Rini doit donc ressusciter Sumi sous peine de disparaître complètement, et de ne pas pouvoir sauver Friandise du joug de la méchante Reine des Gâteaux.
Dans Les Enfants indociles, les portes s’ouvrent souvent par hasard, mais toujours vers des univers adaptés aux enfants, des lieux où ils pourront enfin se sentir chez eux. Et quand ils sont renvoyés ou reviennent par accident, ils en souffrent cruellement et espèrent pouvoir repartir même s’ils n’y parviennent que rarement. Rini, elle, peut voyager de monde en monde avec une facilité déconcertante grâce à un bracelet de bonbons magique confectionné sur Friandise – que l’on perdra en chemin pour éviter que chacun puisse ensuite rejoindre son monde d’accueil. Ce qui a été fabriqué pouvant l’être à nouveau, la cohérence de l’univers proposé par Seanan McGuire pâtit un peu de cet artifice. Le processus pour faire revenir Sumi à la vie, une succession d’épreuves, semble lui aussi un peu trop facile à mettre en œuvre et dépourvu de réel enjeu au regard des derniers chapitres. Même la mort perd son caractère inéluctable et définitif. Si le message positif sur l’acceptation de soi, la caractérisation des personnages et l’écriture de Seanan McGuire constituent toujours les points forts de la série, il manque à Sous un ciel de sucre la noirceur des deux premiers tomes pour convaincre tout à fait. Comme pour les précédents livres, celui-ci bénéficie de trois illustrations de Rovina Cai. L’inflation n’a pas épargné le secteur du livre. Comptez donc un euro de plus, que ce soit en numérique (14,99 €) ou au format papier (21 €), pour vous procurer ce court roman.
Un extrait
Voyager changeait les gens. Tous les changements n’étaient pas visibles, ni même logique selon les règles d’un monde où le haut se trouvait toujours en haut, le bas toujours en bas, et les squelettes toujours dans leur tombe au lieu de se relever pour danser, mais ça n’empêchait qu’ils existent. Qu’on le veuille ou non.
- De Seanan McGuire sur le RSF Blog : Les portes perdues, Les enfants indociles T1, De brindilles et d’os, Les Enfants indociles T2
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