God save the Queen, L’Empire Immortel T1 – Kate Locke

God save the Queen
L’Empire Immortel T1

De Kate Locke

Orbit – 384 pages

Ce billet sera une chronique de flemmarde. Voici la présentation de l’éditeur pour commencer :
Le soleil ne se lève jamais sur l’Empire britannique « Keep Calm and Pray for Dawn ! » La toujours sémillante reine Victoria règne sur l’Empire britannique. Un Empire où l’aristocratie se compose de loups-garous et de vampires, où les gobelins vivent sous terre et où les mères veillent à ne pas laisser leur progéniture traîner dans les rues une fois la nuit tombée. Un monde où appartenir à la noblesse signifie être infecté par la peste, où l’hystérie est l’affliction populaire du moment et où les sangsues sont considérées comme un mets raffiné. Un monde, enfin, où la technologie côtoie la magie… Nous sommes en 2012, et la Pax Britannia est toujours d’actualité. Xandra Vardan, fille d’un vampire et d’une courtisane, est membre de l’élite de la Garde royale. Mais quand sa sœur est portée disparue aux environs de l’asile psychiatrique de Bedlam, elle tombe sur un secret qui pourrait renverser l’Empire… et lui coûter la vie. Que se passe-t-il réellement derrière les murs de Bedlam ?

Bon. La Bit-lit, même uchronique, même steampunk, ce n’est définitivement pas mon truc (il n’y a qu’Alexia Tarabotti qui échappe à ce verdict). Ici, les aventures de Xandra (diminutif imprononçable d’Alexandra) n’ont pas réussi à me passionner. Ça ne démarre vraiment que vers la page 100, après une très longue exposition du monde et de ses « règles » de fonctionnement et ne devient intéressant qu’à la page 120 quand l’enjeu pour l’héroïne (tu te fais manipuler ma belle) est révélé. Ensuite tout s’enchaîne très vite, et notre héroïne passe dans le lit du loup-garou alpha à la page 149 sans trop savoir dans quel camp il est (et avec l’air constamment ahuri de celle qui n’en revient pas que THE mâle du royaume, convoité par toutes les filles, daigne s’intéresser à elle, pauvre demi-sang qui ne fait pas partie de l’aristocratie). C’est cousu de fil blanc tout du long et je n’ai jamais cru aux histoires de princesses. Sans compter qu’une héroïne forte dans un univers victorien reste très artificiel. Courser les méchants avec des bottines 19e et un corset (même peu serré) dépasse ma capacité à suspendre mon incrédulité. Se battre et balancer des coups de pieds empêtrée dans trois couches de jupons me paraît totalement irréalisable. Dans La Machine à différences, Ada Byron s’habillait en homme quand elle devait plonger dans l’action. Bref. Pas mon truc du tout. Au moins celui-là, je l’ai terminé (pas comme Le Mystère du drake mécaniste). Le style de Kate Locke, entraînant et teinté d’humour, y est pour quelque chose. Publishers Weekly qualifie l’écriture de Kate Locke « d’élégante et vive ». Si le vif se justifie, l’élégance a du mal a émerger entre les jurons ou mots grossiers qui parsèment les dialogues et les pensées de l’héroïne. Des « putain », « merde », « baiser », « se faire foutre », « chier » qui témoignent d’une écriture plus moderne que raffinée. Les incipit sont cependant savoureux. Kate Locke cite, pour son plaisir et celui des lecteurs, des épigrammes d’Oscar Wilde, des extraits de poèmes de Robert Frost ou de romans classiques anglais (Oliver Twist). Dans God save the Queen, l’auteur mélange allègrement vampires, loups-garous, humains, sangs-mêlés (ce qui nous donne des gobelins). On y visite une Londres fantasmée dont les égouts et sous-sols abritent bien des mystères. Seulement ça ne suffit pas. En farfouillant ensuite sur le net, j’ai appris que Kate Locke et Kady Cross – dont j’ai le premier tome des Chroniques Steampunk dans la PAL, toujours pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2013 – sont une seule et même personne. J’appréhende un peu la lecture de ces Chroniques Steampunk.

Un extrait so romantic (mais pas tant que ça au final) :
« Il se pencha au dessus de la table, les yeux étincelant de jaune. Une femme plus intelligente que moi aurait reculé, ou au moins tressailli, mais je restai ou j’étais, si bien que nous nous retrouvâmes pratiquement nez à nez.
« Je te fais la cour déclara-t-il en enveloppant ses paroles d’un grognement. Je n’ai pas fait la cour à quelqu’un depuis plus de cinquante ans. je me fous que tu puisses du coup me considérer comme une antiquité, alors laisse tomber l’autodénigrement, tu veux ? Oublie toutes les raisons pour lesquelles nous ne devrions pas vivre ce que nous vivons, et admets simplement que tu me veux autant que je te veux. »
Une part de moi aurait pu lui offrir ma gorge, à ce moment-là. Ce truc était vraiment instinctif. Je dus vraiment prendre sur moi pour ne pas le faire. Maudit soit le bordel que ma vie était devenue. Combien de fois dans une vie une fille avait-elle l’ocasion de voir un tel homme lui tomber tout cru dans les bras ? On aurait dit un fantasme d’écolière qui se serait incarné. Un rêve qui finirait sûrement par susciter des drames, mais qui était une très bonne chose  pour le moment. Vex avait raison. Je devais apprendre à ne pas croire en ma seule capacité à faire mal aux gens.
« Très bien », murmurai-je. L’air ambiant vibra de tension. D’une bonne tension. Un instant, je crus qu’il balancerait de l’argent sur la table pour payer l’addition et m’entraîner ailleurs, voire aux toilettes pour une petite baise rapide, mais au lieu de ça, il se recula pour caler son dos contre le dossier de sa chaise et recommença à boire son café. Quel allumeur… »

Un deuxième pour la route
« Je m’apprêtais à la suivre lorsque Vex m’arrêta. « Moi d’abord », asséna-t-il.
J’aurais levé les yeux au ciel si son attitude protectrice ne m’avait pas paru légèrement sexy sur les bords, et touchante. Personne ne m’avait jamais considérée comme une petite chose délicate. Vex non plus. Il savait parfaitement que j’étais tout à fait capable de me protéger moi-même ; il préférait simplement prendre les coups à ma place en cas de pépin.
Je trouvais plutôt charmant qu’il fasse passer mon bien-être avant le sien. »


Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2013

Compte pour le MSoL de Vert

Cet article a 9 commentaires

  1. valeriane

    Oui donc en fait… passe ton chemin pauvre manant!
    J’aime bien de lire vos avis sur la bit-lit… n’étant pas une fervente amatrice, mais une petite curieuse, autant tomber sur LE bouquin qui vaut quand même un peu la peine, qui sort du lot, qui a un truc en plus que les autres.
    Pas faux que ça foisonne ce genre de lit.

  2. Lhisbei

    @Valeriane : une valeur sûre : Le protectorat de l’ombrelle (Sans âme, sans forme, sans coeur etc) de Gail Carriger Le reste pour l’instant (en tout cas dans ce que j’ai testé => poubelle)

  3. Vert

    Ah oui les extraits sont comment dire… ils donnent vachement envie de lire ce bouquin dis donc A choisir je préfère encore certains dialogues de romance de Mass Effect (en dépit du fait que j’ai l’impression que mon personnage s’apprête à sauter sur tout ce qui bouge xD)

  4. Nick_Holmes

    “C’est cousu de fil blanc tout du long et je n’ai jamais cru aux histoires de princesses. ”
    Mouhahaha !!! Au moins ça ne manque pas de sexe… pas comme STNG.

  5. Karine:)

    Je suis intéressée quand même… mais en VO. Bon, à lire au 4e degré, peut-être ) J’ai lu un truc de Kady Cross. Moyen, à mon souvenir. Mais je ne résiste pas souvent au steampunk!

  6. Zina

    Effectivement, le vocabulaire ne va pas du tout avec l’époque ^^ J’étais déjà pas très tentée, mais encore moins maintenant !
    En revanche, j’avoue, je suis en train de lire Le drake mécaniste, et j’aime bien

  7. Herbefol

    Je viens d’en lire quelques pages, histoire d’essayer pour voir si je le colle tout de sutie dans la pile “à virer” ou si je le lis en entier. Et ça comme fort mal avec le mot de l’auteur pour expliquer son univers. Si elle doit commencer par deux pages pour présenter le truc c’est qu’elle ne doit pas s’estimer capable de le faire par le biais du récit lui-même (ce que l’on fait pourtant dans pratiquement tous les bouquins d’imaginaire). :p

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