L’Héritage de l’Empire, Les Dieux sauvages T4 – Lionel Davoust

L’Héritage de l’Empire
Les Dieux sauvages T4

De Lionel Davoust

Retour de chronique du Bifrost 102

Si vous n’avez pas lu les trois précédents tomes de la série (La Messagère du ciel, Le Verrou du fleuve et La Fureur de la terre), vous parcourez ces lignes à vos risques et périls. Quatrième volume des Dieux sauvages, L’Héritage de l’Empire poursuit la fresque épique revisitant l’histoire de Jeanne d’Arc dans l’univers d’Évanégyre.

La forteresse de Loered a résisté. Isolé, presque entièrement détruit, le verrou du fleuve a permis de protéger la Rhovelle. Mériane, sanglée dans Invincible, une armure volée à l’ennemi et convertie au service de Wer, a tenu sa promesse. Ganner, le Prophète d’Aska, décide de marcher vers Ker Vasthrion, la capitale perchée sur une falaise. Il sait pouvoir y trouver, dans les entrailles oubliées de tous, le moyen de vaincre définitivement Wer. Erwel de Rhovelle, nouveau Roi, tente toujours d’unir les provinces pour lutter contre l’armée d’Aska tout en déjouant un clergé bien décidé, entre deux intrigues pour conserver la mainmise sur le trône, à se débarrasser de Mériane, Héraut bien trop encombrant car née femme. Le calvaire de cette dernière ne cesse d’empirer. L’usage d’Invincible, qui se nourrit de sa force, conjugué à une guerre interminable dont l’issue semble plus que douteuse l’épuise physiquement et mentalement. Mériane dispose de bien peu d’alliés, d’autant que Wer lui demande une foi absolue tout en se jouant d’elle. Au fil du roman elle perd certains de ses plus fidèles amis parfois par la grâce d’un dieu traître. Les dialogues entre Wer et Aska se font à nouveau plus présents dans le roman. Frères ennemis pour lesquels l’humanité n’est rien, leur nature se dévoile peu à peu. De même Lionel Davoust dévoile un peu plus la technologie à l’œuvre, héritage de l’empire d’Asrethia, perçue comme de la magie, et à quel point les factions en présence ont perdu la capacité de la comprendre et de l’utiliser.

L’Héritage de l’Empire apporte son lot de révélations, pour certaines inattendues, pour d’autres prévisibles. Lionel Davoust parsème son récit d’indices à destination des lecteurs dont certains débouchent sur de fausses pistes – bien joué ! Ce quatrième tome est placé sous le signe de la cohérence tant dans le développement de l’histoire que dans l’évolution et les motivations des personnages. La maîtrise de la narration à multiples points de vue répond aussi à la logique interne de l’univers qui n’est jamais prise en défaut. Même si dans le premier tiers du roman il peut paraître indolent, le rythme évolue crescendo vers un final épique à souhait, effets spéciaux compris. Les scènes de bataille sont toujours aussi détaillées et précises.

Les Dieux Sauvages, saga de fantasy francophone des plus ambitieuses, trouvera sa résolution dans La Succession des Âges dont la parution est prévue au printemps 2022 (spoiler : ce sera plutôt pour 2023). Il reste à espérer que ce tome conclusif soit à la hauteur des précédents (qui promet d’être aussi roboratif) et qu’il termine en beauté une série qui jusqu’ici n’a pas déçu.

Citations

« Mériane, tu es l’élue de Dieu, mais je crois que tu n’as pas bien cerné ce qu’est la vérité. Elle n’a rien à voir avec les faits. Il s’agit de ce que le peuple a besoin d’entendre pour servir sa propre cause et celle de Dieu. » Il regarda les trois femmes tour à tour. « Occupez-vous de la guerre et d’Invincible. Gouverner les âmes, je m’en charge. »

« Mériane, la guerre n’est jamais cet élan sublime que les empires du monde prétendent, dit-elle. C’est une affaire terrifiante et brutale, où le hasard joue un rôle bien plus important que quiconque ne veut l’admettre. Sur l’instant, tout ce qui compte, c’est de s’en tirer en essayant d’accomplir ce qu’on est venu faire… Voilà, peut-être, la plus terrible réalité d’un champ de bataille : quand la charge sonne, le bien et le mal restent au chaud à l’arrière-garde. Dans le feu de l’action, on n’a simplement pas le temps d’y penser. » La petite silhouette de Maragal parut entre deux amas de gravats, son tabard d’une blancheur impeccable, riant avec deux Chevaliers du Fleuve en livrée cyan. « Ce n’est qu’après coup qu’on trace des lignes franches, qu’on raconte des histoires, que des miroirs nous sont tendus… » Sa voix ne fut plus qu’un murmure. « Seul un fou ou un imbécile y trouve toujours son reflet grandi. »

Pour aller plus loin

Cette publication a un commentaire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.