de Thomas Day
Folio – 120 pages
Il m’est difficile de parler de cette novella. Pas à cause du texte en lui-même mais plutôt à cause du contexte de lecture. Quand j’ai acheté ce Folio à 2 euros je savais que Thomas Day était un écrivain de SFFF. Je savais aussi que je ne l’avais jamais lu. Le fait d’avoir une longue nouvelle (ou un court roman je vous laisse choisir) de genre publiée dans une collection “blanche” valait bien un acte d’achat militant. Ceci dit la quatrième de couverture ne mentionne nullement de quel genre il s’agit : elle se contente d’un pudique “à la croisée des genres” restant dans le flou le plus total sur la nature des genres en question. Passons… les lecteurs de SFFF ont l’habitude de voir les éditeurs mainstream jouer les vierges effarouchées. J’ai lu L’automate de Nuremberg dans le train qui me ramenait du boulot et pendant toute ma lecture j’ai été gênée par une forte impression de déjà-lu. J’avais déjà lu une histoire sur un automate joueur d’échec. Une histoire qui ressemblait beaucoup à ce que j’étais en train de lire, une bonne histoire que j’avais beaucoup aimé. Mais dans le train, pas d’accès au net et à Google pour investiguer un peu. Et cette impression tenace ne m’a pas quittée jusqu’à ce que je revienne chez moi et m’a pourri la lecture. J’ai tout de suite pensé à du plagiat (c’est honteux je sais) et pas à la possibilité d’avoir déjà lu ce texte. Le titre ne me disait rien et j’ai quand même une bonne mémoire des titres. Quand j’ai enfin eu accès au net j’ai compris. L’automate de Nuremberg avait déjà été publiée auparavant dans les colonnes de la revue Bifrost, une revue à laquelle collabore Thomas Day et que je lis de temps en temps (quand la revue condescend à ne pas snober en permanence de reste du monde). Dans le numéro 42 (!) qui date de mai 2006 elle était titrée Le dernier voyage de l’automate joueur d’échecs. J’ai lu ce Bifrost, j’avais déjà lu L’automate … Le pire dans cette histoire c’est que l’éditeur mentionne la première publication sur la page de garde. Mais comme je zappe systématiquement pages de garde, biographies de l’auteur et notes de l’éditeur (certaines notes déflorent le texte qui suit et c’est insupportable) je suis passée à côté de l’info… Ridicule non ? Je n’ai pas comparé les deux versions (la flemme) et je ne sais donc pas si Thomas Day a retravaillé son texte. J’ai donc deux impressions de lecture : une bonne (qui date de 2006) et une mauvaise, plus récente, et qui n’est absolument pas liée au texte en lui-même.
Années 1800 et des poussières, Melchior Hauser est un automate de 97 centimètres de haut, en bois, mu par un mécanisme d’horlogerie qui a régulièrement besoin d’être remonté. Il a été créé pour jouer – et surtout gagner – aux échecs. Il n’a qu’un seul sens, la vue (et encore de près et en niveaux de gris) et ne ressent rien (ni douleur, ni plaisir). Sa mémoire est limitée Mais il est capable de penser par lui même. Et une question l’obsède : a-t-il une âme ou n’est-il qu’une simple machine ? Cette faculté de penser fait de lui l’automate le plus perfectionné de son époque et la première intelligence artificielle – belle uchronie steampunk. Son père, Viktor Hauser, est un savant fou, une sorte de Dr Frankenstein, qui cherche à recréer la vie. La narration alterne entre des extraits des journaux de Melchior (collection privée de Léopold Sedar Senghor), qui retracent son parcours et ses questionnements, et le récit de Balthazar, un esprit persuadé d’être la main de Dieu. Je n’en dis pas plus pour ne pas dévoiler le roman mais Thomas Day entremêle plusieurs histoires (sur seulement 120 pages) dont l’une s’intéresse aussi à l’inconnu de Nuremberg, Kaspar Hauser. Les pas de Melchior nous conduisent de Nuremberg en Afrique en passant par un Londres en pleine révolution industrielle. L’auteur Les voix, celle “mécanique” de Melchior et celle, fanatique, de Balthazar, sonnent juste. Cette novella est un petit bijou, ciselé au mot près, plus complexe qu’il n’y paraît. A lire et à relire (!)
Pour la petite histoire un automate joueur d’échec a bien existé. Inventé en 1769 par Johann Wolfgang von Kempelen, il a même joué avec Napoléon. L’automate était baptisé Le turc mécanique et n’était pas un vrai automate (voir l’article de Wikipedia) mais qu’importe …
madonna fallait oser []
Il y a un épisode de Harry Dickson avec un automate joueur d’échecs.
Il y a même pas mal d’histoires avec des automates joueurs d’échecs en fait.
Tiens il est amusant celui-ci –>[Heeehooo]
Moi aussi ça me dit quelque chose. Mais je suis sûre de ne l’avoir pas lu. Donc je note.
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