L’appel des étoiles
(Titre original : From a distance)
D’Émilie Richards
Harlequin – 184 pages
Second livre lu (parce qu’il n’y en aura pas de troisième) dans le cadre des Harlequinades 2009. Ligne directrice de cette étude : la fin des clichés en science-fiction (rien que ça !)
En guise de mise en bouche je vous livre les premières lignes du prologue * :
Ils étaient si loin de chez eux… Comment allaient-ils pouvoir effectuer les réparations nécessaires, sur cette planète qu’ils connaissaient à peine ?
– Il y a des épaves, par ici, observa le capitaine
Il se pencha vers l’écran de son vaisseau spatial et examina avec intérêt l’île minuscule sur laquelle ils s’apprêtaient à atterrir.
C’est de la SF, de la vraie, de la pure science-fiction même si elle travaille sous couverture, planquée dans la collection Rouge Passion – Passion et Surnaturel. Faisons fi des étiquettes : un prologue avec un vaisseau spatial qui doit d’urgence se poser sur notre terre, sur une île si possible déserte, pour être réparé, c’est de la SF, point. Et, comme de bien entendu, l’île ne sera pas vraiment déserte, nous aurons droit à l’un des thème majeur de la SF à savoir le contact avec l’extra-terrestre, l’Autre tant attendu et tant redouté. Un thème qui a inspiré les plus grands auteurs de Heinlein à Herbert en passant par R. C. Wilson, Robert Reed ou Douglas Adams et Roland C Wagner dans un style plus décalé.
Revenons à notre prologue. Que la lectrice (la SF est une littérature de garçon ? Voici une idée reçue malmenée par Harlequin) se rassure. Malgré les avaries techniques, le vaisseau se posera sans encombres et nous n’aurons pas droit à l’atterrissage catastrophe tellement cliché dans les romans de SF. Au contraire l’engin spatial se posera même dans un mouvement fluide. Pas d’inquiétude à avoir non plus sur les réparations si l’on en croit le capitaine (au passage remarquez l’excellent meneur d’homme qu’il fait, capable de complimenter son second après son extraordinaire manœuvre) :
– Bravo ! Vous avez réussi à vous poser sans soubresaut, malgré les problèmes techniques que nous avons… et maintenant, au travail. La réparation devrait pouvoir se faire assez rapidement.
Une fois posé, c’est la catastrophe. L’île n’est pas déserte, une jeune femme a assisté à la scène. Les radars biologiques n’avaient pourtant détecté aucune présence humaine. Les E.T. n’ont pas d’autre solution que d’entrer en contact avec elle, non sans hésiter un peu à cause des conséquences de leur acte. En plus d’être un as du pilotage le second est aussi très intuitif : « Mais je sens que ce que nous allons faire ce soir risque de changer le cours de l’évolution de cette planète« . Pour des E.T. dont la mission est de propager l’harmonie dans l’univers (notez au passage que l’escale Terre n’était pas prévue au programme) le coup est rude à encaisser. Car dans la SF harlequinesque, les ET ne sont pas un peuple guerrier, conquérant et envahisseurs (trop cliché je vous dis), mais une intelligence supérieure ayant accédé une conscience supérieure.
La jeune femme s’appelle Lindsey. Elle est l’ex-femme de Stefan Daniels, un éminent neurochirurgien au physique d’athlète et beau comme un dieu mi-latin, mi-slave. 12 ans de passion et deux enfants plus tard le mariage se solde par un échec cuisant, des relations houleuses et des enfants perturbés. Question harmonie la vie de Lindsey en manque cruellement. Sa rencontre avec les ET va bouleverser sa vie. D’abord en la raccourcissant puisque les radiations émises par le vaisseau spatial sont fatales aux corps organiques. Ensuite parce que tout le monde va la croire folle (soyons réaliste, quelqu’un qui voit des petits hommes verts n’est pas souvent pris au sérieux) et enfin parce qu’un gentil ET va revenir pour tenter de la soigner. Il prendra l’apparence d’Alden, un jeune et beau médecin de campagne, ressemblant fortement à Robert Redford (jeune je suppose – si le livre était adapté pour le grand écran j’aurais plutôt vu Brad Pitt au casting mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas). Lindsey aime toujours son mari mais la voila troublée par Alden, si proche, si attentionné… Quand Stéphan rencontre Alden c’est le choc des cultures entre le demi-dieu d’ex mari et Robert Redford. Bien entendu le dialogue n’est pas possible entre deux médecins aux méthodes radicalement différentes. Stefan pariant sur la froide rationalité qui l’amène à opérer des cerveaux à longueur d’année n’est pas prêt à écouter Alden qui a pourtant roulé sa bosse dans tous les coins de la galaxie et étudié de nombreuses formes de médecine y compris les formes les plus primitives ou anciennes de la Terre. Stefan ne croit pas aux ET et ne voit donc en Alden qu’un rival dans le cœur de Lindsey. Se rendant compte que la femme qu’il aime toujours est en train de mourir et de lui échapper définitivement, Stephan s’ouvre enfin à l’Autre et finit par écouter Alden. Pour sauver Linsey, ils vont même jusqu’à fusionner… l’esprit d’Alden dans le corps de Stephan. Leurs connaissances réunies, la médecine moderne s’en trouvera révolutionnée (enfin c’est la perspective que donne l’auteur à la toute fin du roman). Fin des clichés sur les ET : non seulement ils peuvent être positifs pour l’évolution de la terre mais ils savent aussi rester discret et repartir sur la pointe des pieds (après tout l’escale sur Terre n’était pas prévue). Leur ingérence reste limitée et le respect de la race humaine passe par la préservation du libre arbitre de l’homme. Sa capacité à faire un choix fait de lui ce qu’il est et sera…
Je ne vous parlerai pas longuement du style, de la narration, du rythme. Les ingrédients (beaucoup d’eau de rose, une touche de désir, un zeste de sexe) sont mixés sans mesure ni dosage adéquat. Le résultat final est une soupe indigeste. J’avoue avoir trouvé le temps long, m’être ennuyée ferme pendant ces 184 pages qui m’en ont semblé trois fois plus. Cette lecture est restée laborieuse du début jusqu’à la fin. Je laisserai le dernier mot à Monsieur Lhisbei, grand fan de space opera, que j’ai torturé en lui faisant lire le prologue. Son esprit de synthèse, la concision extrême de ses propos résument bien mon opinion sur ce livre. Voici ses mots : « c’est vraiment de la daube ».
* tous les passages en italiques sont extraits du texte
Les Harlequinades 2009 prennent fin le 30 septembre 2009. Pour les suivre faites un tour chez Fashion.
Triste ? surtout pas, tu devrais être fière de m’avoir donné envie de lire ce livre. Je fréquente très peu la SF…
Je n’ai pas accroché pour cette fois, mais je compte bien continuer à te lire de temps en temps et à me laisser tenter d’autres fois
Terminé ce soir même en ce qui me concerne. Comme toi j’ai apprécié l’ouvrage, prévenu par nombre de chroniques je savais par avance ne pas devoir m’attendre à un roman de cape et d’épée mais bien a un « melodrama of manners » ce qui m’a permis de l’aborder sereinement, sans être déçu, sans en attendre ce qu’il ne pourrait au final m’apporter. J’ai apprécié le style bien qu’un peu maniéré à mon goût, les personnages travaillés en profondeur et cette ambiance générale qui n’a pas été sans me rappeler d’autres ouvrages comme le fameux « laisons dangereuses ». Une belle expérience.
J’aime beaucoup le dieu mi-latin, mi-slave…
ça fait un beau mélange volcanique non ?[]
C’était donc vrai!
C’était donc vrai, il existe de la SF chez Harlequin… On a beau le savoir, quelle émotion de croiser quelqu’un qui a eu un courage aussi grand que tenace pour s’y coller!
Au moins, une chose est sûre: je ne vais pas m’y risquer, j’ai grand-peur d’avoir rapidement la même analyse que M.Lisbey!
Merci en tout cas pour ce grand moment de rigolade!
Wow, et quelle couverture, tellement adaptée à un [S]torchon sauce[/S] roman de SF. [mdr]
Sauf que les dauphins se sont barrés en disant « salut, et encore merci pour le poisson ». Bon ok je sors [heuu hum]