Morceaux choisis – Éditions 1115

Morceaux choisis

Anthologie ChronoPages

Éditions 1115 – 115 pages

Lors du premier confinement, entre le 21 mars et le 10 mai, nombre d’éditeurs ont proposé gratuitement des livres numériques, par packs ou lors d’opérations spéciales. Parmi elles, l’Opération Bol d’Air offrait un livre chaque jour, pour une durée limitée. 46 livres ont été offerts tout au long de l’opération. Parmi ces ouvrages, se trouvait le recueil ChronoPages Morceaux choisis des éditions 1115. Ce livre rassemble 5 nouvelles parues dans la collection ChronoPages. Revue de détail pour cette lecture. Je ne reviens pas sur “Visite fantôme” de Luce Basseterre, déjà chroniqué dans la 22eme édition des Miscellanées de nouvelles. Il me restait cependant 4 nouvelles à découvrir.

Orwell m’a tu – Bruno Pochesci

Dans un futur indéterminé que l’on devine proche, l’extrême-droite a pris le pouvoir en France. S’en est suivi des purges et des expulsions pour ne conserver que des Français “de souche” sur le territoire et la mise en place d’une dictature réactionnaire et nationaliste. La délation est reine. Le tout dans une récession économique qu’ont provoqué la fermeture des frontières et le retour au franc. Daniel a épousé Aïcha que son teint de Kabyle et des faux papiers font passer pour Française. Ils filent le parfait amour, jusqu’à faire une mauvaise rencontre. La narration épouse le point de vue de Daniel. Ses souvenirs et ses réflexions permettent de se rendre compte de l’évolution / régression de la société. Ses pensées tournent beaucoup autour d’Aïcha (et du sexe, ce qui n’apporte pas grand chose au texte).  La plume de Bruno Pochesci, toujours inventive, agace parfois par l’outrance ou la vulgarité. La chute est glaciale et produit son petit effet. L’avis de Yogo.

Odregan #1 – Nicolas Le Breton

Retour dans l’univers des Jardins du Feu et du Vide avec une course poursuite à travers les mondes et le temps entre Odregan et un groupe mené par Celui-en-noir, un homme qui n’est autre qu’un reflet d’Odregan lui-même et qui cherche à l’abattre (pour quelle raison ? Mystère). C’est vertigineux jusqu’à la dernière ligne même s’il faut accepter de ne pas tout comprendre tout de suite et de se laisser porter. La multiplicité des Odregan augure un univers bien vaste à explorer.

Après tout, si l’Univers peut supporter un paradoxe, le paradoxe, quant à lui, pourrait bien supporter l’Univers.

Bois hurlants – Frédéric Czilinder

Un vieux raconte une histoire de “temps de guerre”. Devenu orphelin à 14 ans en pleine Seconde Guerre mondiale, il a rejoint une établissement géré par l’assistance publique, dans un coin reculé, et isolé au milieu des bois. La vie s’y écoule un peu monotone jusqu’à ce qu’un garde champêtre ramène une gamine dans les bois. Sylvia, sans papier, parle une langue slave et pourrait être polonaise (peut-être même juive). Mlle Pujol la responsable de l’établissement décide de l’accueillir. Sylvia, très différente des autres enfants, se révèle excellente jardinière. Le narrateur de l’histoire devient son meilleur ami… Mais la guerre vient s’immiscer brutalement faisant voler en éclat l’insouciance de la jeunesse. La dimension horrifique réside plus dans l’aspect réaliste (l’irruption des Allemands dans le quotidien d’un orphelinat coupé du monde) que dans l’aspect fantastique de la nouvelle. Sylvia n’est pas une enfant ordinaire et porte toute la poésie du monde et de la nature. C’est joliment écrit et très émouvant. L’avis de Yogo.

Infiniment – Louise Roullier

Les progrès de la science ont conduit à la découverte d’une matière nouvelle, la thaumastomatière. Résistante aux éléments, à l’usure, au passage du temps elle est potentiellement éternelle. En développant des cellules de thaumastomolécules il est possible de créer un être vivant capable de se passer d’oxygène et de glucose, de boire, de manger et de respirer. L’expérience conduite dans “Infiniment” vise à créer un être humain potentiellement immortel. L’expérience réussit à tourner court toute en étant un succès. La  temporalité n’est guère la même pour l’enfant et le reste du monde. Du point de vue d’Athan, tout bouge trop vite alors que pour nous son évolution prend des millénaires. La nouvelle s’étire sur un temps long jusqu’à une fin infinie non dénuée de poésie, celles des étoiles et du vide cosmique. L’avis de Feydrautha, Le chien critique, Yogo.

En définitive, ces Morceaux choisis, et bien choisis, donnent un aperçu du catalogue des éditions 1115, catalogue que le lectorat aurait tort de bouder tant il est de qualité. Lire les avis de Célindanaé, Outrelivres, TmbM sur ces Morceaux choisis.

Le #ProjetMaki

Cet article a 4 commentaires

  1. Louise Roullier

    Merci beaucoup pour cette chronique !

  2. Vert

    Je les ai lues aussi (dans le plus complet des désordres), globalement même ressenti. J’ai eu du mal avec la nouvelle de Bruno Pochesci, les autres sont sympathiques (même si Odregan appelle à lire la suite pour y comprendre quelque chose)

    1. Lhisbei

      Oui, C’est assez particulier Orwell m’a tu (et j’ai du mal avec le côté potache). Odregan #2 existe. Je m’y pencherai un de ces jours 🙂

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