De Luce Basseterre
Le Livre de Poche – 384 pages
Retour au space opera dans ce billet. J’ai piqué ce livre dans la bibliothèque de M. Lhisbei. Ce n’est pas parce qu’on a une pile-à-lire tyrannique qu’il faut se priver de piocher ses lectures ailleurs…
Un trio dépareillé et une pluralité d’espèces
D’Guéba est une débusqueuse de mondes. Elle recherche des planètes vierges de toute vie sapiente, les transforme et les revend ensuite à des nations qui ont pollué la leur au point de devoir l’évacuer ou d’y mourir. Accessoirement, avec sa morphologie qui la rapproche de celle d’une grenouille, aucun risque qu’on la confonde avec une humaine. Elle voyage à bord de son associé, Koba, un Fenjick, vaisseau vivant, requin géant cosmique modifié il y a longtemps par les Chalecks. Les Fenjicks asservis, devenus cybersquales, se sont rebellés et ont obtenu par la force leur liberté. Au hasard de leurs explorations, ils trouvent Otton, un esclave humain, naufragé d’un vaisseau cargo qui vient de se crasher sur une planète désertée suite à une mutinerie quelque peu brouillonne. Dans un univers peuplé d’une myriades d’êtres différents, reptiliens, félidés et autres, les humains qui ont quitté la Terre plusieurs millénaires auparavant, comestibles pour beaucoup d’autres espèces, ne valent pas grand chose. Otton, né esclave, ne doit sa survie récente qu’à sa capacité à rêver – à cauchemarder même, ce qui fait de lui un instrument de plaisir pour les Rachas, des octopodes avides de sensations fortes qui adorent aspirer les rêves.
Une narration à trois voix
Trois personnages, trois points de vue pour raconter un voyage tumultueux entre exploration, terraformation, aventures trépidantes, négociations commerciales entre diplomatie et intimidation. Au fur et à mesure du récit, les personnages atypiques gagnent en épaisseur. D’Guéba, qui terraforme des planètes pour les vendre au plus offrant, est aussi capable de les réparer. Son cynisme s’amenuise quand elle commence à s’attacher à Otton. Koba caractériel tient farouchement à sa liberté, mais il se met finalement en danger pour d’autres que lui. Otton, bien décidé à vivre libre et pour lequel on éprouve spontanément de l’empathie, emprunte un chemin quelque peu détestable pendant un temps. Le ton, léger se fait parfois grave. Les personnages ne manquent pas d’humour ni d’auto-dérision (un délice). L’ironie vient parfois épicer le propos et c’est jouissif. Luce Basseterre déploie un univers à multiples facettes, avec des peuples différents, aux us et coutumes qui le sont tout autant. Pour ses personnages non genrés, l’autrice a opté pour un langage neutre (iel entre autre). L’univers est vaste, il y a de la place pour tout le monde, mais cela n’empêche pas les coup tordus, la cupidité, les guerres et la mort. A cause d’Otton, Koba et D’Guéba vont s’engager pour des enjeux qui les dépassent et desquels ils ne se seraient pas mêlés avant de le rencontrer. M. Lhisbei a pensé à Chanur de Carolyn J. Cherryh et moi je me suis laissée porter par cette aventure de SF optimiste sans temps mort et ses personnages bigarrés.
Une citation
« Si nous ne pouvons rien faire d’utile, alors, nous avons le devoir de regarder afin de témoigner, par respect pour la mémoire de ceux qui perdent leur vie dans cette ignoble tuerie. »
- De Luce Basseterre sur le RSF Blog : Visite fantôme
- Lire les avis de Lianne, Gepe, La Geekosophe, L’Imaginaerum de Symphonie.
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Je l’avais rangé, va savoir pourquoi, dans les romans « lambdas » qui ne m’intéressaient pas particulièrement. Mais maintenant que j’ai vu optimiste et une belle citation, mon intérêt s’est sensiblement modifié. ^^
Optimiste, oui. Clairement un roman d’aventure, court (384 pages en format poche) et enlevé, qui se lite vite. Tu devrais aimer pour la pluralité des personnages.
me plaît bien celui-ci
l’est très sympa.
suite à votre billet, ce livre est remonté dans ma PAL !
Bonne lecture dans ce cas !
C’est intéressant tout ça, je le note dans un coin de regarder de plus près !
Roman d’aventure, pas prise de tête (et dispo en biblio me glisse-t-on)
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Super, merci pour le conseil ; il me dit bien ! Ainsi du coup que la dernière parution, Les Chants de Fenjicks qui a l’air pas mal aussi
J’ai préféré La débusqueuse au Chants des Fenjicks 🙂
Faut que tu m’en reparles pour l’été prochain 😉
c’est loin l’été prochain :p
Moyennement emballé de mon côté, après c’est vrai que c’est une lecture plutôt cool, mais bon, je me note Chanur du coup que je ne connais pas, une occasion de plus de découvrir une autrice.
Je comprends pourquoi tu étais moyennement emballé. Chanur a été réédité en Nouveaux millénaires et vaut le détour selon M. Lhisbei 🙂
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