La Peste et la Vigne, Le Cycle de Syffe T2 – Patrick K. Dewdney

La Peste et la Vigne
Le Cycle de Syffe T2

De Patrick K. Dewdney

Au Diable Vauvert – 608 pages. (Audiolecture. Lecteur : Nicolas Planchais)

Je suis assez peu fan de séries de fantasy au long cours. Pourtant, mes lectures montrent qu’il existe au moins une exception à cette règle – qui n’en est probablement pas une : la série des Dieux Sauvages (une trilogie, au départ). Avec Le cycle de Syffe, Patrick K.Dewdney vient donc rejoindre le club très fermé des séries fleuve que je vais suivre, à mon rythme. Un rythme lent puisque ce deuxième tome est déjà sorti en poche (le grand format date de 2018…), qu’un troisième tome est paru en septembre 2021 et que j’ai opté pour une audiolecture à un rythme tout aussi peu pressé (temps d’écoute : 18 h et 52 min) et que j’en ferai de même pour les tomes suivants, s’ils bénéficient de cette modalité, la voix de Nicolas Planchais se mariant très bien à la narration a posteriori de Syffe. En audiolecture, la seule chose qui manque ce sont les cartes pour se repérer, mais il suffit de se laisser porter par la voix du narrateur et par le texte pour que le voyage soit merveilleux. Avertissement d’usage puisqu’il s’agit d’une suite, je décline toute responsabilité en cas de divulgâchage dans la chronique ci-dessous….

Les voyages forment la jeunesse

A la suite de L’Enfant de poussière, nous retrouvons donc Syffe prisonnier et esclave des Carmides dans les mines d’Iphos. Il échappe de peu, et par chance (merci le pain moisi), à la peste qui dévaste son camp de prisonnier et en profite pour s’enfuir. Il cherche à retrouver Brindille, son amour d’enfance et les Feuillus qui, pense-t-il, la gardent captive. Commence pour lui un long périple, dans le froid et la neige pour commencer, dans la cité Arces, ce peuple de guerriers reclus dans les montagnes ensuite mais aussi dans les Ronces et sa forêt où résident, en presque symbiose avec leur environnement, les peuples Ketoï. Syffe se fait, en fonction des circonstances et souvent contre son gré, instructeur ou mercenaire, tente de survivre avant tout pour retrouver sa liberté et s’en aller sauver Brindille.
Syffe apprend à se connaître, à grandir en homme, en se questionnant sur le type d’homme qu’il voudra ou pourra devenir – car nul ne grandit en dehors d’un contexte et de circonstances qui le contraignent, encore plus en ces temps de guerres qui ravagent le pays. Par rapport au tome précédent, une dimension mystique vient s’ajouter : pour les uns il est protégé par les mânes, pour d’autres il est l’élu de la Déesse. Et quelle déesse…

Le monde de Syffe

Pour l’anecdote, j’ai un peu de mal à rattacher ce livre à un courant de fantasy. Comme pour Les Nefs de Pangée ou la série Les Dieux Sauvages, les artefacts du passés peuvent faire penser à un univers post-apocalyptique avec une société technologiquement avancée qui aurait régressé. Quant à nature la déesse, on peut sans mal imaginer une entité extra-terrestre révérée comme déité…
Le monde de Syffe est en mutation, déstabilisé par la guerre ce qui renforce encore sa violence inhérente, une violence systémique des puissants envers les petites gens, les femmes, ceux qui sont étrangers, les autres, en somme. Cette violence s’exerce aussi contre la nature, l’environnement et plus fortement contre le peuple des Feuillus qui tente de sauver son mode de vie et de préserver l’écosystème. Toute ressemblance avec les grandes questions qui agitent notre monde serait bien entendu purement fortuite. Le fond est là solide, et pousse à la réflexion. La plume de Patrick K. Dewdney, riche mais sans ostentation, complexe mais toujours fluide, vient sublimer le propos. En un mot comme en cent, La Peste et la Vigne vaut le détour. Ici, on rempilera pour le tome 3.

Un extrait

Dehors un chien aboyait, un soldat ivre chantait une chanson, des portes grinçaient et claquaient. Je retrouvais un semblant de foule, et tant de choses familières, mais on n’avait pas fini de me raconter les bouleversements qui avaient eu lieu, ni quels espaces avaient été souillés par le passage du temps. J’oscillais entre une nostalgie terrifiante qui me diminuait, qui m’écrasait sur un billot pour m’offrir en pâture au monde, et des giclées de férocité. Je méprisais ce sentiment de vulnérabilité, parce que je comprenais la nécessité vitale qu’il y avait à être à la hauteur, malgré tout. J’essayais de me souvenir que j’avais échappé à la peste et à la montagne, que j’avais survécu aux mines, à deux batailles et à la corde. Que j’étais un guerrier, ou que je pouvais l’être du moins, et que c’était cette personne-là qui devait s’aventurer à présent à la recherche de Brindille, pas cet enfant endeuillé que je ne pouvais plus être depuis longtemps. Je m’endormis en songeant à Spinelle, à tout le reste, à tout ce qui n’avait pas été dit et qui ne penchait pas encore dans la balance.

Cet article a 5 commentaires

  1. Vert

    Ah bah je poursuivrais peut-être l’aventure en numérique, je n’ai toujours pas acheté le tome 2, je suis encore moins pressée que toi !

    1. Lhisbei

      On va fonder le club des Tortues (géniales ou pas 😉 )

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