Mars a été un mois particulier, marqué par un jetlag doublé d’une impression de décalage constant (et on remerciera le passage à l’heure d’été pile au moment où j’avais l’impression d’être à nouveau synchrone). J’ai un peu galéré pour retrouver mes repères. Je n’ai pas encore totalement « digéré » ce voyage, mais il est clair que certaines perceptions sont en train d’évoluer, et que je ne sais pas vraiment où ma réflexion va me mener, voire même si elle va me mener quelque part. Inconsciemment, mon rapport au temps a aussi changé. J’ai perdu cette impression de courir sans fin après le lapin blanc d’Alice. Paradoxalement, j’ai accompli autant, sinon plus, que les mois précédents, mais sans cette sensation de lutte constante pour trouver le temps de tout faire. Trêve de bavardage Il est temps de faire le point sur les lectures et l’évolution de la PAL en mars. Côté lecture, je suis restée concentrée sur les titres en lice pour le Prix ActuSF de l’Uchronie (et je peux vous dire que j’ai quand même l’impression de courir un marathon). Voyons quels livres ont rejoint ou quitté ma Pile à Lire…
Du côté des entrées au format papier, j’ai reçu Uchronie d’Emmanuel Carrère
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J’ai aussi reçu La Vie secrète des robots de Suzanne Palmer
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En numérique, j’ai reçu, pour le prix ActuSf de l’uchronie, Une vie de saint de Christophe Siebert et Liberté oblige de Maiwenn Alix et The Shadowed Sun de N.K. Jemisin, pour Bifrost.
J’ai aussi reçu, pour le prix ActuSF de l’uchronie, et Aigle, crocodile & faucon, Napoléon à l’île d’Elbe 1814-1827 de Jacques Favier et La souris de Ivan Philippov.
Ce qui nous fait 7 entrées, c’est énorme. Du côté des sorties, j’ai lu :
- La Lignée des maudits de Bleuenn Guillou, roman fantastique jeunesse qui nous plonge dans une Écosse victorienne alternative, où une mystérieuse brume isole le pays du reste du monde et confère des pouvoirs surnaturels à ceux qui la traversent. L’histoire suit Ava Hazegast, la seule véritable médium d’une famille influente qui a bâti sa réputation sur des dons factices. Lorsque le prince héritier, Duncan Stuart, est assassiné, la reine Mary Stuart II charge les Hazegast de trouver le coupable sous peine de représailles. Ava, hantée par le fantôme du prince, doit mener une enquête périlleuse qui la conduira à découvrir les sombres secrets de sa propre famille. Le style est fluide et accessible – le roman vise un public adolescent dès 12 ans. Les dialogues sont vivants et contribuent à développer la personnalité des protagonistes, avec notamment des échanges teintés d’humour entre Ava et le fantôme de Duncan. Bonne pioche.
- Fins de siècle de Yves Letort, un recueil de quatre nouvelles publié par Flatland dans la collection « La Fabrique d’horizons ». Chaque texte propose une fin de siècle singulière et revisite le passé avec une imagination débordante couplé à un souci du détail historique. Le recueil s’ouvre sur Incident dans le métropolitain, une courte scène étrange où apparaissent les Morgs, créatures souterraines intelligentes. Il se poursuit avec Gelée, une novella épistolaire glaçante dans laquelle une entité inconnue se propage inexorablement à travers la France, semant horreur et fascination. Le Congrès dentaire de 1896 et ses conséquences joue quant à lui la carte de la satire sociale en décrivant l’essor et le déclin d’une mode extravagante. Enfin, Une curiosité bibliophilique explore l’œuvre fictive de l’artiste Théophile Grandin à travers un pastiche d’article savant, plongeant le lecteur dans un monde où la France est devenue une puissance interplanétaire. Illustré par Fabrice Le Minier, Fins de siècle charme autant qu’il intrigue.
- Ce qu’il advint du Reich de mille ans de Jean-Pierre Andrevon & Bruno Pochesci. Pour celui-ci, j’ai rédigé un billet complet là.
- Vallée du carnage de Romain Lucazeau. L’auteur y imagine un monde où l’Antiquité ne s’est jamais achevée, conduisant à une géopolitique contemporaine dominée par des puissances telles que Carthage, la Perse et les Han. Le récit se concentre sur le siège de la cité libre d’Ecbatane par les forces perses, sous le règne du tyran Orode. Cette guerre totale utilise des technologies avancées et des armes nucléaires. Je n’ai pas accroché (ni à la narration, ni à la violence) et j’ai abandonné en cours de route. Je vous propose donc ces critiques positives : le coup de coeur de Jean-Luc Rivera et les billets de Quoi de neuf sur ma pile et Les Chroniques de FeyGirl.
- Halcyon d’Elliot Ackerman imagine une uchronie où Al Gore est président des USA en 2004 et où une avancée scientifique révolutionnaire permet la résurrection des morts. Cette découverte bouleverse non seulement la perception de la mortalité mais soulève aussi des questions éthiques et financières, notamment autour des héritages. En parallèle, la société américaine débat du maintien des monuments confédérés, incarnant un passé controversé. Je vous spoile la fin : les USA retrouvent leurs rails (Bush, guerre en Irak etc). La réflexion sur la mémoire collective et le compromis historique est intéressante. Mais il m’a manqué quelque chose.
- Le Huitième Registre T2, La Quête de l’inquisiteur d’Alain Bergeron reprend la suite des aventures de Siméon Monocrate, inquisiteur de la Curie pontificale. Après avoir résolu le meurtre d’André Antonikas, il est contraint de fuir le Nouveau Continent en compagnie de son secrétaire, le frère Calixte, et de Sophia Vivarini. Leur périple les mène à travers les grandes villes de l’Empire, de Carthage à Bagdad, en passant par Alexandrie et Constantinople. C’est érudit et intelligent.
- Une vie de saint de Christophe Siébert retrace la vie de Nikolaï le Svatoj, une figure complexe dont le parcours, entre spiritualité, pouvoir et violence, a profondément marqué Mertvecgorod, une ville fictive située entre la Russie et l’Ukraine. Construit sous la forme d’un récit choral mêlant témoignages, articles et documents fictifs, le roman explore l’ascension et la chute de cet antihéros, depuis son enfance marquée par une révélation mystique jusqu’à son implication dans un attentat majeur. Pas accroché plus que ça.
- Liberté oblige de Maiwenn Ali, la suite de Noblesse oblige, une uchronie dans laquelle la Révolution française n’a pas abouti et où la monarchie est toujours en place au XXIe siècle.L’histoire reprend après la mort de Louis XXII. Gabrielle, ancienne espionne antiroyaliste, devient régente du royaume de France. Confrontée aux manigances de la noblesse et aux intrigues politiques, elle doit naviguer entre complots et tensions, tout en étant sous le regard constant des médias et des émissions de téléréalité qui façonnent l’opinion publique. Le roman mêle politique, manipulations et enjeux de pouvoir dans un univers où se côtoient traditions monarchiques et technologies modernes. Toujours aussi réussi.
- et j’ai relu La Croisière bleue (Les Temps ultramodernes T.2) de Laurent Genefort, recueil ou fix up de nouvelles, qui permet d’explorer un peu plus notre monde à l’ère de la cavorite et les conséquences de la découverte de ce métal antigravitationnel. Les articles de presse intercalés entre les nouvelles enrichissent l’univers en apportant des éléments de contextes supplémentaires. Et on retrouve l’Abrégé de Cavorologie d’Hippolyte Corégone
- Le Bifrost 117 (qui lui a été chroniqué)
Soit 9 livres et une revue sortis de ma PAL.
En audiolivre, j’ai commencé Cheval de Troie: Journal d’un AssaSynth T3 de Martha Wells.
Avec 9 sorties et 7 entrées, la PAL principale descend à 354 titres. La PAL dédiée aux nouvelles et novellas descend à 109 titres (une des nouvelles du recueil d’Andrevon et Pochesci, « L’Anniversaire du Reich de mille ans », y était présente )
Côté blog, petit rythme (qui dit soirées et week-end passés à lire dit aussi moins de rédaction de billets). En début de mois, j’ai rapatrié ma chro du Dictionnaire utopique de la science-fiction de Ugo Bellagamba et rédigé et programmé les billets sur Une valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian et Demain même heure d’Emma Straub ainsi que sur le film To the Moon. Ensuite le blog a roulé presque tout seul et je me suis concentrée sur mes lectures (que je n’ai pas chroniqué pour la plupart, et sans une once de culpabilité, ce qui m’étonne encore)
Côté ciné, vu Mickey17, film de SF réalisé par Bong Joon-ho avec Robert Pattinson impressionnant dans le rôle principal (et je ne suis pas fan de l’acteur) . Adapté du roman Mickey7 d’Edward Ashton, le film explore des thèmes de clonage, d’identité et de déshumanisation dans un contexte de colonisation spatiale d’une planète glacée Niflheim. Mickey Barnes est un remplaçable. Son rôle consiste à accomplir des tâches dangereuses et sa mort entraîne l’impression d’un nouveau corps (il y a un gimmick sur cette imprimante à jet de matière organique), avec ses souvenirs intacts. L’intrigue prend un tournant lorsque Mickey 17, présumé mort, survit et découvre que Mickey 18 a été activé en son absence. Le film est difficile à appréhender : on me l’a vendu comme une comédie, mais il verse souvent dans la satire, avec des moments sérieux qui dénotent. Il se veut une critique du capitalisme mais enfonce des portes largement ouvertes. Et, pas de chance pour lui, il se fait rattraper par la réalité actuelle made in USA qui dépasse, et de loin, la fiction. Mention spéciale à Toni Collette et Mark Ruffalo, malgré un jeu un peu trop dans l’outrance. Cela dit, on a quand même apprécié ce film (où l’espèce autochtone paraît, et de loin, vachement plus intelligente que nous).
Dans le canap, nous avons visionné la saison 3 de Reacher. Toujours explosif mais je trouve que ça commence à être un peu répétitif. Et il faut avouer qu’il y a un peu trop de plans sur le physique (impressionnant, il est vrai) d’Alan Ritchson. Vu aussi Le ministère de la sale guerre de Guy Ritchie (titre original The Ministry of Ungentlemanly Warfare bien plus percutant). Si vous n’êtes pas fan de Guy Ritchie, passez votre chemin, mais ici, nous sommes plutôt clients (et rassurez-vous, la plastique de Henry Cavill et Alan Ritchson – encore lui – n’est pas la seule raison). Ce n’est pas son meilleur film, mais ce n’est pas le plus raté de sa filmographie. Il est inspiré d’une histoire vraie : celle de la toute première organisation de forces spéciales créée pendant la Seconde Guerre mondiale par Winston Churchill, Premier ministre britannique. Dans le canapé, ça fait le job
On termine en musique avec Franz Ferdinand
Woh. C’est gargantuesque !
J’espère pour toi que Romain Lucazeau ne réécrira plus d’uchronie. C’est quand même fou d’être à chaque fois obligée de devoir lire toute sa bibliographie. ^^’
J’espère aussi. Mais je m’octroie le droit d’abandonner en cours de route, maintenant. Il y a au sein du jury assez de lecteurs qui apprécient ses oeuvres pour que celles-ci soient bien défendues.
C’est cool qu’un voyage ait un effet pareil, tu sais à quoi c’est dû ?
Vaste question et je suis encore en train d’analyser ça. Mais plusieurs pistes de réponses :
– densité de population moindre (il y a réellement plus de moutons que d’habitants). Corollaire : pas de fils d’attente, pas de promiscuité et quand il y a trois personnes qui font une file, personne ne s’impatiente. L’attente est considérée comme normale. Et tout va bien se passer.
– Je n’ai jamais entendu quelqu’un hausser la voix non plus. Tout le monde est paisible. Personne n’est pressé (bon Wellington et Auckland c’est un peu différent mais on est loin de l’agitation de Paris, Lyon ou Lille). Et chez nous on se demande pourquoi on court ?
– Les choses prennent le temps qu’elle prennent et ce n’est pas un problème. La nature a décidé qu’il pleuvait, pas grave. On s’adapte, on fait si on peut ou on reporte, on modifie les plans. Tout paraît plus simple à faire là bas et les problèmes plus facile à résoudre. C’est flexible mais on est aussi obligé de s’adapter (prévoir c’est parfois plus compliqué)
– J’ai l’impression qu’il y a moins de normes sociétales, d’étiquette ou de cases dans lesquelles on met les gens. Les échanges seront aussi moins formels (la manière de s’habiller aussi). L’ambiance est plus décontractée. Corollaire : moins de jugement. Inconvénient : c’est parfois un peu rustique.
– Les néo-zélandais sont les rois du small-talk. Tu rentres n’importe où (boutique hôtel), les employés te demandent comment tu vas.
Le dialogue rituel c’est
lui/elle : Hi (ou Kia Auara). How are you doing ?
nous : Fine, thank you. How are you doing ?
lui elle : Fine. Thank you for asking. Where are you from ? puis vous êtes là pour longtemps ? vous appréciez votre voyage ? etc. et le small talk est plus ou moins long en fonction du nombre de clients présents . Au resto les serveurs et serveuses prennent le temps de te parler (mais ils sont 2 fois plus nombreux qu’en France à nombre de clients équivalents). Après une fois que tu es sorti, tu n’existes plus. Mais pendant un temps tu as été considéré comme un être humain et pas un portefeuille ambulant. il faut de la réciprocité aussi, c’est une marque de respect.
Merci, c’est très intéressant 🙂
J’ai une amie qui est partie là-bas pour voyager dans un van pendant un an et faire des petits jobs pour vivre. Elle n’est jamais rentrée. Elle s’est trouvé un mec et élève des Irish Cob ♀️J’ai l’impression que ce pays fait grand effet aux gens qui y vont ^^
Ils sont toujours aussi nombreux à voyager en van (ou en break transformé en van, rustique mais efficace). On a croisé une françaises, expat depuis 5 ans là-bas avec son foodtruck de crêpes, qui n’a pas l’intention de revenir de sitôt !
Je ne sais pas pourquoi il m’affiche cet emoji j’avais mis celui de la fille qui lève les en mode « whatever » XD
Je confesse que je n’ai jamais compris les emojis de WP ¯\(°_o)/¯
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